Demain, nous organiserons les pots de départ de nos collègues robots et IA !

Demain, nous organiserons les pots de départ de nos collègues robots et IA !

Chaque semaine une prévision vous propulse dans le futur

« Après 1 274 heures, 37 minutes et 28 secondes passées avec vous, je pars à la reconfiguration. »

Aujourd’hui, le mousseux coule à flots. Le robot Taylor42 quitte l’entreprise. Son mot d’adieu est aussi beau que répétitif. Depuis Taylor1, c’est toujours le même dans la base de données.

Fin du 19e, Frederick Winslow Taylor déplore l’organisation du travail. Elle lui paraît inefficace, car elle repose sur le savoir-faire d’ouvriers autonomes et responsables de leur temps et de la conduite de leur activité. Il propose une nouvelle organisation fondée sur une division technique du travail.

Il fabrique alors des boulots pour des robots. Comme il n’y en a pas encore à l’époque, il les distribue aux humains. Au fil des progrès technologiques, les robots reprennent leurs places.

C’est déjà demain

Pour comprendre la prévision, dessinons le portrait-robot de vos futurs collègues

Ils sont corvéables à merci

C’est dans leur ADN. Le mot robot apparaît sous la plume de l’écrivain tchèque Karel Capek. Il l’a utilisé dans sa pièce « R.U.R. » (Rossum’s Universal Robots). Ce mot vient de robota qui désignait les travaux forcés effectués au 17e lorsque le peuple tchèque était sous le joug des austro-hongrois.

Ils ressemblent à des humains

Chaque fabricant a son modèle.

Atlas de Boston Dynamic est très agile. Il peut attraper et lancer des objets. Il rêve de devenir l’assistant des ouvriers de chantiers.

 

Les robots de SoftBank Robotics sont plus conviviaux. En 2016, Pepper donne son premier speech durant la conférence TEDxPolitechnikaOpolsk en Pologne.

Sophia d’Hanson Robotics imite les expressions humaines. Mais, votre collègue pourra être Einstein ou Philipp K.Dick. La marotte du fabricant, David Hanson, est de doter ses robots de visages de célébrités disparues.

Toyota développe des robots industriels depuis les années 1970. Depuis 2000, l’entreprise s’intéresse aux robots humanoïdes. Son objectif est de réussir à faire évoluer T-HR3, son dernier modèle dans divers contextes. Vous pouvez lui demander d’aider votre grand-mère ou faire vos courses dans l’espace. Il pourra aussi jouer un morceau de musique lors de son départ.

Apollo d’Apptronik vous aidera lors des déménagements des bureaux. Mais il pourra aussi faire des livraisons.

Elon Musk a aussi son bébé nommé Optimus. Le papa affirme qu’il pourrait avoir une intelligence supérieure à celle d’un humain.

Ils sont peu lents

Tous les robots humanoïdes marchent lentement et pas toujours surement. Ils avancent, les pieds bien à plat, les genoux un peu pliés, sur un sol assez plat.

Quand ils sont en groupe, cela risque d’agacer.

Ils voient de nuit

Les chercheurs de l’université de Purdue ont déposé une demande de brevet qui permet aux robots de voir de nuit. Leur système Hadar est basé sur le rayonnement thermique invisible provenant de tous les objets.

Ils adorent faire le ménage

Les robots destinés aux tâches ménagères, tels que les aspirateurs robots, sont les robots les plus produits et les plus vendus dans le monde.

Ils peuvent occuper tous les postes de l’entreprise

La société de jeu vidéo Net Dragon Websoft, une entreprise chinoise fondée en 1999, a remplacé son PDG par Madame Tang Yu. Cet humanoïde virtuel utilise une intelligence artificielle pour prendre des décisions aussi rationnelles qu’efficaces. Enfin, c’est ce qui est écrit dans la notice !

Ils peuvent être ingénieux

En Afrique du Sud, une intelligence artificielle a été reconnue comme inventrice d’un récipient alimentaire capable de conserver la chaleur.

Et très nuls

L’armée américaine a licencié L53. Ce robot à quatre pattes s’avère trop bruyant.

L’hôtel Henn-na au Japon a mis à la porte la moitié de ses 243 robots qui assuraient l’accueil, le room service et le transport des bagages. Ils n’arrivaient pas à répondre aux questions basiques des clients ou percevaient les ronflements comme des appels à l’aide.

Ensemble, ils peuvent faire pitié !

Les robots gluants sont ceux qui ne servent à rien d’autre qu’à obliger un humain à s’occuper d’eux. Ils génèrent de la servitude volontaire. Le Tamagotchi en est l’un des exemples les plus fameux. Il mourait si on le négligeait.

Entre atouts et inconvénients, à vous de juger.

Votre collègue ne videra pas les bouteilles

Sauf si c’est Drinky. Victime d’une désillusion amoureuse, un artiste coréen ne voulait pas boire seul. Il a créé ce robot qui peut avaler des verres d’alcool.

Il fera toutes les corvées

C’est, comme on l’expliquait, l’essence même de son existence. Il va donc vous libérer des tâches routinières et sans valeur ajoutée. Vous aurez donc le temps de réaliser des choses ambitieuses, complexes, où vous montrerez votre génie et votre singularité.

On espère juste que vos collègues robots ne seront pas trop intelligents. Sinon, ils risquent de vouloir se la couler douce.

On augmentera votre salaire

Vos collègues robots ne demandent pas de salaire et peuvent travailler 24 heures sur 24. En matière de gain économique et de productivité, on ne peut pas rêver mieux. Comme vous allez les supporter, il sera logique que vous puissiez bénéficier d’une augmentation substantielle.

Les patrons deviendront plus humains

Les patrons un peu trop imbus d’eux-mêmes vont descendre de leur piédestal en voyant qu’ils peuvent être remplacés par une machine.

On rentrera dans la boucle « plus ça change, plus c’est la même chose »

Si votre collègue robot est DRH, il se moquera bien que les candidats aient un prénom typé ou qu’ils souffrent d’un handicap. Il analysera leur CV sans a priori.

Ensuite, il va comparer le CV à ceux qui ont déjà eu le poste et choisira un CV similaire. Si le poste de direction a toujours été occupé par un homme, il optera un homme. Ce sera donc un vrai reproducteur d’existant.

Vous pourrez devenir chèvre

Votre collègue robot aura une mémoire phénoménale, mais pas de souvenirs. Il pourra resservir dix fois, vingt fois les mêmes blagues pourries.

Il pourra aussi avoir des lubies. Si un bug lui fait vous interdire de sortir de votre bureau, vous ne pourrez pas négocier. Il faudra demander au GIGN de venir le faire exploser.

L’entreprise adoptera le parler machinal

« OK, Google, ajoute mon rendez-vous sur le programme. Alexa, souviens-moi de ne pas oublier. »

Quand les humains s’adressent à des machines, ils ont tendance à parler plus fort, avec une voix plus grave et moins modulée et à hyper articuler. À force de parler comme des machines, on risque d’en devenir une.

Ce sera panique à bord lors d’imprévus

Les intelligences artificielles peuvent être plus performantes qu’un humain sur des situations qu’elles connaissent déjà et pour lesquelles elles sont programmées, mais pas pour gérer des situations totalement inconnues.

Si une personne est absente ou si une réunion est annulée, le collègue-machine risque de paniquer. Alors imaginez dans quel état il va être si un jour la Terre devient carrée !

On assistera à une perte d’humanité

Une entreprise, c’est de la production, mais aussi du sens et des liens sociaux. Et l’homme sera toujours meilleur à ça qu’une machine. Cette perte d’humanité va se traduire par un désenchantement au travail.

Dans ce contexte inhumain, le risque n’est pas que les robots se mettent à penser comme des hommes, mais que les hommes pensent comme des robots.

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Le Dico des métiers de demain

Le Dico des métiers de demain

Une méthode, un dictionnaire, des jeux de cartes thématiques, des ateliers pour imaginer de façon créative les métiers et compétences du futur
Les Contes des 1001 futurs

Les Contes des 1001 futurs

Des contes pour aider les enfants à imaginer demain.
La méthode à Jules

La méthode à Jules

Inventons le futur en utilisant la méthode de Jules Verne.

Demain, nous refuserons de connaître l’heure de notre mort !

Demain, nous refuserons de connaître l’heure de notre mort !

Chaque semaine une prévision vous propulse dans le futur

— Chéri, tu viens de recevoir un SMS de la Sécurité sociale. Tu as 3 923 jours, 4 heures, 36 minutes et 12 secondes à vivre.

— Mince, j’ai oublié d’annuler leurs notifications. Maintenant, je vais demander comment occuper tout ce temps…

C’est déjà demain

Depuis la nuit des temps, on cherche à savoir quand la grande faucheuse va venir faire son boulot. Dans la Chine néolithique, on pratiquait la lecture des os. Les anciens Grecs observaient le vol des oiseaux. En Mésopotamie, la mort se lisait dans les entrailles des animaux.

Aujourd’hui, les scientifiques observent les biomarqueurs.

La mort écrite dans le sang… ou dans l’œil

Des chercheurs de l’institut allemand Max-Planck ont mis au point un test sanguin donnant les probabilités de décès d’une personne dans les 10 ans à venir. Analysant 226 biomarqueurs présents dans le sang, ils détectent les maladies. Ils considèrent que leur test est fiable à 83 %.

Des chercheurs de Reykjavík ont développé un prédicateur de décès. Il indique aux professionnels de santé les personnes ayant un risque élevé de mourir.

Au Royaume-Uni, on a les patients à l’œil. L’examen du fond de l’œil de 47 000 personnes a permis de faire un lien entre l’âge rétinien et la mortalité. Si la rétine d’une personne est plus âgée que son âge réel, le risque de décès est important.

Des IA au stéthoscope

Dans les prédictions, les intelligences artificielles tiennent le haut du stéthoscope. Leur atout est de pouvoir percevoir des signaux faibles, invisibles à l’humain, grâce à la masse gigantesque de données qu’elles ingurgitent.

La section médicale de Google développe une IA capable de définir la probabilité qu’ont les patients entrant à l’hôpital de sortir vivant. Fiable à 95 %, l’IA détecte avant les soignants les détériorations de leur état.

Des chercheurs britanniques ont analysé la marche de 100 000 personnes. Ils ont observé que lorsque les personnes sont atteintes de maladies cardiaques et pulmonaires, elles ralentissent lorsqu’elles sont à bout de souffle puis font de brèves accélérations. Une application basée sur une marche de cinq minutes estime le risque de mourir dans les cinq ans.

Bug système

Si la science détermine des probabilités de plus en plus fines, c’est une autre histoire pour déterminer l’heure de la mort d’un individu.

Les intelligences artificielles traitent des données passées et en tirent des conclusions. Si l’on fume, boit, mange gras et multiplie les excès divers et variés, elles peuvent dire que la faucheuse ne nous permettra pas de faire de vieux os. Si on roule sur une grosse cylindrée à des vitesses excessives, elle dira que le risque est fort qu’elle nous mette sur le bas-côté de la vie. Mais, elle ne peut prévoir qu’un jour l’amour, nous fait préférer les balades en âne, les tisanes et la méditation.

La légende raconte que l’oracle de Delphes a prédit que le poète Eschyle mourrait écrasé par une maison. Il s’exila loin des villes et fut tué par la carapace d’une tortue lâchée par un aigle. Pour les prévisions scientifiques, c’est dans le même esprit. Si elles vont s’accomplir, on ne sait pas quand et comment.

Et si demain, nous connaissions l’heure de la mort  !

La mort se caractérise par deux fondamentaux : elle est certaine et indéterminée. Nous savons tous que nous allons mourir, mais nous ignorons quand.

De ce fait, connaître l’heure de notre mort, cela serait…

Pratique

Nous pourrions mieux organiser notre vie sur Terre. Si notre mort est prévu à 62 ans, nous ne nous fatiguerons pas à accumuler des points retraite. On pourra la prendre avant et mieux profiter de la vie. Sur son lit de mort, nous ne regretterons plus d’avoir trop travaillé et consacré trop peu de temps à nos proches.

Nous investirons dans des viagers de personnes à courte vie. Enfin, surtout si elles ignorent leur date de péremption.

Nous éviterons les opérations ou traitements qui nous mettent à plat quelques mois avant notre mort…

Décourageant

L’annonce de notre mort risque de provoquer un profond découragement si la date est proche.

Le manque d’espoir accentuera nos souffrances. Charles de Gaulle disait : « La fin de l’espoir est le commencement de la mort ». On commencera donc à mourir avant d’être mort. Et, on est droit de penser qu’être un mort-vivant, ce n’est pas très confortable.

Stimulant

Enfin, le découragement peut aussi n’être que de courte durée.

On peut aussi prendre conscience de sa finitude et vivre mieux. Le festin de la vie étant limité, on peut commencer à apprécier chaque miette.

Voir le compteur de la mort qui s’affiche peut permettre d’être au plus au clair avec soi et en paix avec la mort.

Et puis, en bon humain, on va essayer d’empêcher la prédiction de s’opérer. Dans la science-fiction, une connaissance avancée du futur permet toujours de changer le passé et d’éviter la mort du héros. Il manquerait plus que nous ne soyons pas les héros de notre propre vie !

Inacceptable

Cela introduirait une profonde inégalité entre ceux promis à une vie longue et ceux dont les jours sont comptés.

On peut juste espérer que cet inacceptable ne serait pas accepté. Et qu’on créerait un grand bûcher pour faire rôtir les scientifiques qui se sont cachés derrière le progrès scientifique, pour créer cette nouvelle inégalité.

Cash-machine

Enfin, il y en aura toujours qui profiteront de cette prévision.

Elle remplira les caisses de la Sécurité sociale qui n’aurait plus à soigner les presque morts.

Les assurances vont se donner à cœur joie en inventant des business modèles plus juteux, car n’étant plus basés sur le risque.

On va avoir des coachs de la mort qui vont nous ruiner pour faire de notre mort, la plus belle fête de notre vie.

Alphonse Allais disait que « La mort est un manque de savoir-vivre ». Dans ce contexte, prévoir l’heure de notre mort semble de l’ordre de la goujaterie !

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Le Dico des métiers de demain

Le Dico des métiers de demain

Une méthode, un dictionnaire, des jeux de cartes thématiques, des ateliers pour imaginer de façon créative les métiers et compétences du futur

Les Contes des 1001 futurs

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Des contes pour aider les enfants à imaginer demain.

La méthode à Jules

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Inventons le futur en utilisant la méthode de Jules Verne.

Demain, chacun aura droit à son quart d’heure d’invisibilité

Demain, chacun aura droit à son quart d’heure d’invisibilité

Chaque semaine une prévision vous propulse dans le futur

Pour désamorcer les manifestations contre la généralisation de la transparence, le gouvernement a accordé une journée d’invisibilité à chacun. Chaque personne l’a utilisé de manière différente.

  • Ines a feuilleté les carnets d’Eugène Delacroix au Louvre.

  • Peter a volé la recette de l’omelette de la Mère Poularde.

  • Tirloir a suivi une inconnue dans la rue et s’est installé chez elle.

  • Hahn a embarqué pour Tahiti et s’est endormi dans un fauteuil de première classe.

  • Max a épié les conversations secrètes de l’Élysée et volé des secrets d’État.

  • Pia a apporté un bon repas à sa voisine âgée.

  • Lou a fait voler un lapin dans sa classe.

  • Michel a soupiré. A 76 ans, veuf et seul, cela fait longtemps qu’il était invisible.

«  À l’avenir, chacun aura droit à son quart d’heure de célébrité mondiale », écrivait Andy Warhol en 1968. Quand le monde devient transparent, les rêves changent. Avec l’augmentation des dispositifs de traçage, on rêvera demain d’avoir son quart d’heure d’invisibilité.

 C’EST DÉJÀ DEMAIN

L’invisibilité désigne la capacité à rendre quelque chose imperceptible aux yeux humains ou à d’autres formes de détection.

L’invisibilité d’un objet ou d’un humain dépend de l’observateur. L’invisibilité diminue avec la multiplication et la performance des systèmes d’observation.

Marchez dans les clous, je vous identifie

Les caméras de surveillance ont envahi l’espace public. Des grandes métropoles aux plus petits villages, des entrepôts aux supermarchés, il est difficile de trouver un endroit sur Terre qui ne soit pas quadrillé par des caméras. Ces caméras sont équipées d’une intelligence artificielle qui leur permet d’analyser tous types de données et en particulier les visages.

À ces caméras s’ajoutent les images prises des drones, des avions et des satellites. La résolution s’améliorant, on va, dans un avenir proche, relier une image satellitaire avec une banque de données numériques et identifier toute personne qui marche dans la campagne.

Cette surveillance numérique peut avoir des conséquences sur notre vie quotidienne. Le gouvernement chinois a investi dans la surveillance de masse. Si une caméra repère une personne qui traverse hors des clous, elle est identifiée et sanctionnée.

Souriez, je disparais

Pour devenir invisible, le maquillage urbain devient à la mode. Une certaine façon de se barioler le visage de couleurs vives et de formes géométriques permet de leurrer les algorithmes de reconnaissance faciale.

 

Des étudiants chinois ont fabriqué un manteau baptisé InvisDefense qui permet de passer devant les caméras de surveillance sans être repéré. Des motifs camouflage générés par algorithme trompent les caméras. La nuit, des dispositifs thermiques intégrés perturbent les capteurs infrarouges.

 InvisDefense coûte 500 yuans (71 $), soit une somme minime pour planter une écharde dans le système de surveillance de masse.

 

Un bouclier d’invisibilité

 Un objet ou un individu est visible parce qu’il diffuse la lumière qui arrive à sa surface. Pour devenir invisible, il faut jouer avec la lumière.

HyperStealth a fabriqué un bouclier d’invisibilité constitué d’un matériau fin, léger et transparent. Il utilise une lentille à double face décalée. L’indice de réfraction négatif du bouclier crée une invisibilité à large bande en courbant la lumière ultraviolette et infrarouge à ondes courtes. Bloquant les signatures thermiques, il rend invisible une personne à l’œil nu et aux détecteurs laser et LIDAR.

Des scientifiques du Lawrence Berkeley National Laboratory ont mis au point une cape d’invisibilité qui épouse la forme d’un objet. Cette microcape est recouverte de nanoantennes en or. Elle peut pour l’instant cacher des objets de la taille de cellules. Selon les chercheurs, les principes développés devraient pouvoir s’appliquer à de grands éléments.

La marque de vêtements Vollebak a créé une veste d’invisibilité thermique. Le prototype est recouvert de 42 carrés composés d’une centaine de couches de graphène. Chaque carré est connecté par des fils en or et cuivre et programmé par microcontrôleur intégré à la veste.

 

En appliquant une tension électrique sur les carrés, des ions sont poussés entre les couches de graphène. Plus il y a d’ions, moins le carré émet de rayonnement thermique et plus, il semble froid. En augmentant le nombre de carrés et en réduisant leur taille, il sera possible de ne pas se faire repérer par une caméra thermique.

En 2015, deux chercheurs japonais ont imaginé une cape d’invisibilité basée sur le camouflage. Une petite caméra est située derrière le porteur de la cape. L’image est transmise à un ordinateur. Grâce à un projecteur situé devant le sujet, elle est projetée sur la cape.

La cape affichant ce qu’il se passe derrière, le sujet fond dans le paysage. La cape est faite d’un matériau rétro réfléchissant.

Imiter les animaux

Belle grenouille poison, Dangereuse

Nombreux animaux ont déjà gagné leur quart d’heure d’invisibilité (voire beaucoup plus) en se confondant avec leur environnement.

Les caméléons changent de couleur. Les grenouilles poison ont des motifs qui rappellent ceux les feuilles sur lesquelles elles se perchent.

Fabriquer de la transparence

 

 

La pieuvre de verre est presque complètement transparente. Elle mesure jusqu’à 45 cm avec ses tentacules et vit sous la surface dans les eaux tropicales et subtropicales

Le stade au-dessus est la transparence du corps.

 

L’équipe de Viviana Gradinaru de l’Institut de Technologies de Californie a rendu le corps d’une souris transparent. Les chercheurs ont plongé le corps de l’animal dans un gel qui, à l’exception des lipides (la graisse), se lie aux molécules biologiques. Ce gel, en se solidifiant, forme une matrice qui maintient la structure de l’organe ou du corps.

Si la méthode peut avoir de l’intérêt. Son défaut majeur est qu’il faille euthanasier l’animal. Il est donc préférable que l’humain attende !

Des données à la pelle

La visibilité provient aussi de la multiplication des données numériques individuelles.

Le volume de données mondial créées est passé de 2 zettaoctets (2 trilliards d’octets) en 2010 à 64 zettaoctets en 2020. Chaque individu alimente cette montagne de données quand il surfe sur le Net, envoie des mails, commande en ligne, discute avec des enceintes connectées, coure avec sa montre connectée…

Traitées par des intelligences artificielles, ces données peuvent fournir nombreuses éléments sur un individu : ses destinations des vacances, son âge, la composition de sa famille, ses orientations politiques, sexuelles ou religieuses, ses passions… Ces informations très privées permettent aux marchands de prévoir nos comportements en ligne comme dans le monde réel et de nous refourguer les produits inutiles qui vont nous aider à accepter une vie gérée par des machines.

 

Et si demain,  nous pouvions devenir invisibles ?

Ce serait…

Le cauchemar

Les rues des villes seraient vides. Il n’y aurait plus que des robots chargés de détecter les humains.

Un nouveau moyen de défense

Des animaux deviennent invisibles pour se défendre contre les prédateurs. On pourrait faire de même. Finis les regards égrillards qui créent le malaise. On disparaît.

Un avantage tactique

L’armée et la police pourraient utiliser cette technologie pour mener des opérations de manière discrète et sûre.

Le privilège risque d’être de courte durée. Avec le développement de la cybercriminalité, il est difficile, voire impossible, de protéger des technologies numériques. Les criminels ne vont pas se priver d’en voler une qui leur permet de commettre des actes illégaux sans être ni vus ni pris.

Un moyen de sauver des vies

Le réveillon de la Saint-Sylvestre 2022 a tourné au bain de sang pour des centaines d’hommes russes mobilisés dans le cadre de l’invasion de l’Ukraine. Entre 89 et 400 soldats russes célébrant le Nouvel An ont péri lors d’un bombardement de l’artillerie ukrainienne. La position des soldats a été révélée par la géolocalisation de leurs téléphones utilisés massivement pour appeler leurs proches.

Une piste pour sortir de la dictature de la surveillance

En 1975, le philosophe Michel Foucault consacre dans son livre « Surveiller et punir » un chapitre au panoptique, une invention de Jeremy Bentham. Le panoptique est une tour centrale dans laquelle se trouve un surveillant. Autour de cette tour des cellules sont disposées en cercle. La lumière entre du côté du prisonnier et le surveillant peut ainsi le voir se découper en ombre chinoise dans sa cellule. Il sait si le détenu est présent ou non, ce qu’il fait ou ne fait pas. À l’inverse, le surveillant étant invisible, le prisonnier ignore s’il est surveillé ou non.

Le panoptique doit amener le détenu à intérioriser la surveillance : se sachant potentiellement surveillé à tout moment, il se conforme aux règles. Avec ce dispositif, il n’est pas nécessaire que le détenu soit effectivement surveillé, mais qu’il sache qu’il peut l’être.

Avec la surveillance numérique, le principe est similaire. Sur le Net, Big Mother écoute vos conversations en vous aidant à choisir des chaussures et suggérant des destinations de vacances. Big DRH vous refuse un job parce que, dans le métro, vous n’avez pas laissé votre place à une personne âgée. La tour de contrôle est bien là au centre de nos vies, mais elle est dissimulée. On intériorise le contrôle.

Une solution pour voir les invisibles

Dans  « Homme invisible, pour qui chantes-tu ? », un roman de Ralph Ellison (1952) un homme noir explique qu’être visible, c’est exister aux yeux des autres : « Je suis invisible parce que les gens refusent de me voir », dit-il.

Caissières, immigrés, femmes de ménage, assistants aux personnes âgées, éboueurs… Les invisibles sont nombreux. Dans les années 1940, Simone Weil affirmait : « le moyen le plus sûr pour devenir invisible est de devenir pauvre. »

S’ils disparaissent, même pendant un temps court, on prendra conscience de la manière dont ils contribuent au fonctionnement de la société. Cela pourrait redonner la vue aux aveugles sociaux que nous sommes trop souvent.

 

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Le Dico des métiers de demain

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La méthode à Jules

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Demain, mon coiffeur sera un robot

Demain, mon coiffeur sera un robot

Chaque semaine une prévision vous propulse dans le futur

  • Chéri, comment trouves-tu ma nouvelle coupe ? C’est Robert qui l’a faite.

  • Pas besoin de le préciser. Tous les robots s’appellent Robert et tous les Robert sont devenus coiffeurs.

  • Mon Robert est vraiment intelligent. Il m’a fait une coupe qui sera tendance l’année prochaine.

Est-ce que demain votre coiffeur sera un robot qui se nomme Robert ?

Normalement, non.

Le coiffeur ne sera jamais remplacé par une intelligence artificielle. Il fait partie des 34 métiers qui peuvent s’amuser des avancées des intelligences artificielles.

Sam Altman, le fondateur d’OpenAI, la société à l’origine du fameux ChatGPT a créé cette liste. Il considère que le métier de coiffeur ne va pas être automatisé, car il nécessite une intelligence humaine qui ne peut pas être reproduite par des algorithmes.

Pour lui, les métiers non automatisables sont ceux qui requièrent de la créativité, des compétences manuelles, de l’empathie et du sens du relationnel. Ils doivent aussi gérer des imprévus et des situations complexes. Les machines peuvent trier des millions de données en un clin d’œil, mais elles ont un mal fou à prendre en compte un événement non attendu.

Le coiffeur peut donc continuer à aiguiser ses ciseaux alors que le radiologue peut ranger sa blouse blanche. L’intelligence artificielle pouvant comparer l’image d’une tumeur avec des millions d’autres va vite le détrôner. L’IA dopant des logiciels de traduction et d’écriture, notre toubib pourra aller boire un coup avec les traducteurs ou les journalistes qui relayent les résultats sportifs ou dissertent sur la météo du jour. Ensemble, ils pourront pleurer dans les robes des avocats.

Aux États-Unis, un site DoNotPay s’affiche comme le premier robot avocat. Le service juridique en ligne utilise l’IA pour, par exemple, contester les contraventions de stationnement. Un cabinet d’avocats a décidé de porter plainte contre l’IA pour exercice de la profession sans licence.

Enfin, comme la liste des métiers préservés de l’IA de Sam Altman semble exotique en comprenant les métiers d’abatteurs de viande, de conducteurs d’engins de pavage et de boulonneurs de toits dans l’industrie minière, on se demande si elle est vraiment sérieuse.

En prime, elle considère que les choses vont rester en l’état. Comme on le découvre chaque jour, l’IA fait des progrès fulgurants et personne ne sait réellement où elle va s’arrêter.

Pour l’instant, si les IA ne sont pas encore passées au bac des salons de coiffure, elles sont en train de s’essuyer les algorithmes sur leurs paillassons.

 C’EST DÉJÀ DEMAIN

Prise de rendez-vous

2018, le téléphone sonne, une coiffeuse décroche. À l’autre bout du fil, son interlocutrice cherche à obtenir un rendez-vous. En quelques phrases, l’affaire est entendue : ce sera pour mardi matin.

Une scène banale ? Pas vraiment. Le client ne veut pas se refaire le portrait. C’est un robot de Google.

Comment échanger avec un robot autour de la date d’un rendez-vous, c’est un poil sans intérêt, les coiffeurs vont vite faire en sorte que les IA se débrouillent entre elles pour le planning des rendez-vous. 20 minutes pour une coupe, plus pour une couleur… Cela ne devrait pas être sorcier pour des machines intelligentes.

En prime, elles se vérifieront les unes et les autres et éviteront que les coiffeurs voit leur carnet de rendez-vous remplis par des avatars.

Choix de la coiffure

Il existe un nombre impressionnant d’applications de simulation de coiffure. On photographie son visage et on peut apparaître avec des cheveux longs, cours, frisés, bleus, roses… Rien de bien sophistiqué, c’est le principe des filtres Snapchat.

Dans un avenir proche, les IA afficheront seulement les coiffures que vous pouvez aimer et qui vous vont bien. Vous likez ou vous attardez longtemps à regarder les coupes mulet avec cheveux bleus. La machine déduit que ce rétrofuturisme capillaire va vous séduire.

Si demain, l’IA affiche sur le miroir du salon de coiffure votre tête avec une coupe qui décoiffe, elle remplacera progressivement les humains qui tentent de faire de leur mieux avec les « je veux une coupe courte, mais en gardant mes cheveux longs… Il faut dégager la… Un peu, pas trop tout de même… » de leurs clients.

En plus l’IA pourra prédire les coiffures les plus en vogue dans les prochains temps.

La société de cosmétiques Millies a utilisé ChatGPT et Bard, pour prédire les coiffures les plus en vogue de 2024. Comme vous pourrez le constater, la prédiction ne fait pas dresser les cheveux sur la tête.

Les soins : shampoing, couleur, coupe

Les tentatives d’automatisation de la coiffure sont nombreuses, avec des brevets remontant à la fin des années 1800.

On retiendra juste le Flowbee, un système de coupe de cheveux automatisé star du téléachat dans les années 80. George Clooney raconte qu’il l’utilise depuis la nuit des temps pour se couper les cheveux.

Des chercheurs du laboratoire d’informatique et d’intelligence artificielle (CSAIL) du MIT et du Soft Math Lab de l’université de Harvard tentent de corriger la coupe avec un bras robotisé équipé d’une brosse à cheveux sensorielle. Ce robot pourrait servir de coiffeur personnel à des individus à mobilité réduite ou des personnes âgées.

Le Head Care Robot peut shampouiner la tête des clients. Le robot mesure le crâne du client, applique le produit pour le shampoing, et utilise ses 24 doigts pour masser en douceur le cuir chevelu.

Dans la robotisation de la coupe de cheveux, on donne le robot d’or à Shane Wighton. Pendant la période de confinement, cet ingénieur a créé un robot capable de lui couper les cheveux en n’utilisant que des ciseaux. Un exercice périlleux avec un résultat loin d’être parfait, mais impressionnant pour un prototype.

La discussion

On vient dans un salon de coiffure pour une coupe, une couleur, un brushing… mais pas seulement. C’est aussi un moment pour parler de soi et des grands sujets du moment. C’est là qu’on déplore l’annulation de la foire aux haricots et qu’on actualise son carnet des petites et grandes tromperies.

Avec ChatGPT et les outils de synthèse vocale, le coiffeur va vite être détrôné. Son clone numérique se souviendra des précédents échanges, fournira les informations qui font frétiller le coiffé, tiendra le crachoir même pendant le temps de prise de la couleur ou le séchage.

En prime, il pourra séduire les intellos en devenant, par exemple, un clone numérique de Nietzsche. Brightness.ai a fait assimiler toute l’œuvre du philosophe à une IA. On pourra donc converser avec lui.

 

Et si demain votre coiffeur était un robot !

Cela ferait le bonheur des uns

Dans un monde imparfait, le malheur des uns peut faire le bonheur des autres.

Quelques personnes seront contentes. Elles n’auront plus à supporter…

  • La coupe bâclée où il faut quémander des coups de ciseaux supplémentaires.

  • Le cassage de nuque en arrière sur bord de lavabo et le mouillage avec une eau trop froide puis trop chaude et le traditionnel : « Je vous fais un soin ? »

  • Les interrogatoires palpitants : « Vous avez des enfants ? Vous travaillez dans quoi ? Vous connaissez notre démêlant miracle à la crème de courge ? »

  • Les blagues à répétition : « Savez-vous pourquoi les footballeurs viennent souvent chez le coiffeur ?… Pour être sûrs d’avoir une coupe. »

Éviter de se faire des cheveux blancs

Depuis la nuit des temps, les nouveaux outils font évoluer les métiers et provoquent des crises de panique.

Le 26 mars 1811, à Nottingham (Angleterre), des ouvriers de la bonneterie brisent les machines accusées de leur voler travail et salaire. Ce qu’on a nommé la révolte de « luddites » est célèbre, mais ce n’est pas la première contre les machines. En 1780, les ouvriers agricoles détruisaient les batteuses mécaniques.

Aujourd’hui, l’ennemi public des métiers se nomme l’IA. Comme tous les outils, cette machine va détruire et créer des métiers. Les experts optimistes affirment qu’il y aura plus de métiers créés que détruits. C’est la conclusion d’une étude de 55 pages que viennent de publier des chercheurs de l’Organisation Internationale du Travail.

Le fameux Sam Altmann et sa liste des préservés de l’IA estime que ChatGPT et les futurs outils qui en dérivent pourraient avoir un impact sur la moitié des tâches accomplies par environ 19 % des travailleurs. 80 % verraient au moins 10 % de leurs tâches affectées par ChatGPT.

Il n’en demeure pas moins que si j’avais Sam Altmann en face de moi, je lui dirais qu’il faudrait passer sa réflexion au peigne fin avant de l’assener comme une vérité. Sa liste peut empêcher les métiers concernés de se préparer aux évolutions futures.

Heureusement, ce n’est pas ce que fait le secteur de la coiffure. Cette activité a commencé sa transformation en étant confronté à un manque de personnel et des charges de plus en plus élevées. Quelques exemples en témoignent :

  • À La Fabrica dans le 9e arrondissement de Paris, une quarantaine de coiffeurs louent des sièges à l’heure, la journée ou le mois, pour recevoir leurs clients. Dans ce « coworking » de coiffeurs, chaque artisan a sa spécialité : cheveux bouclés, extensions, couleur… Les coiffeurs constituent leurs réseaux en exposant leur coupe sur Instagram.

  • Le Loup propose à des patrons de salons de louer un siège à un coiffeur indépendant.

Pour conclure cette prévision sur les coiffeurs et l’IA, laissons la parole à l’avatar de Nietzsche qui pourra un jour remplacer votre coiffeur. Entre deux coups de ciseaux virtuels, il dit :

Le serpent qui ne peut changer de peau, meurt. Il en va de même des esprits que l’on empêche de changer d’opinion : ils cessent d’être esprit.

Avouez que c’est une manière élégante de dire que la prévision ne doit pas faire dresser les cheveux sur la tête des coiffeurs, mais les inciter à s’adapter.

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Le Dico des métiers de demain

Le Dico des métiers de demain

Une méthode, un dictionnaire, des jeux de cartes thématiques, des ateliers pour imaginer de façon créative les métiers et compétences du futur

Les Contes des 1001 futurs

Les Contes des 1001 futurs

Des contes pour aider les enfants à imaginer demain.

La méthode à Jules

La méthode à Jules

Inventons le futur en utilisant la méthode de Jules Verne.

Demain, nous serons immortels

Demain, nous serons immortels

Chaque semaine une prévision vous propulse dans le futur

— Jeanne, j’ai fait un test. La faucheuse va venir me chercher. 143 ans, c’est vraiment jeune pour mourir !

— Moi, la mort ne me fait pas peur. Je m’ennuie et je ne veux plus vivre dans nos prisons pour vieux riches.

— On doit se protéger. Les plus jeunes n’en peuvent plus de cette immortalité qui détruit leur vie.

Est-ce qu’on va vraiment vivre jusqu’à plus soif de vie ?

L’immortalité est le plus vieux rêve de l’homme. Gilgamesh cherchait déjà la plante de la jouvence. Les empereurs chinois ingéraient des métaux précieux inaltérables pour obtenir une résistance au temps. Ce rêve a traversé les âges, avant d’atterrir sur les paillasses des chercheurs. Pour dépasser le seuil théorique de la vie humaine située autour de 120 ans, différentes pistes sont explorées.

 C’EST DÉJÀ DEMAIN

On reprogramme les vieilles cellules

L’aventure humaine commence par une cellule qui se divise un certain nombre de fois avant de se spécialiser pour former les différentes parties de notre corps.

Ensuite, les cellules spécialisées continuent à se diviser et remplacent les cellules mortes. Ce système a ses limites. En 1965, Leonard Hayflick montre que les cellules se divisent entre 50 à 70 fois avant de s’arrêter. Cet arrêt du travail cellulaire provoque le vieillissement de l’organisme. Les cellules deviennent sénescentes. Elles ne meurent pas, mais sécrètent des produits chimiques qui provoquent des inflammations.

Pour éviter ce phénomène, nombreux chercheurs cherchent à reprogrammer les cellules spécialisées sénescentes en cellules pluripotentes.

Les premiers à avoir réussi sont les généticiens japonais Kazutoshi Takahashi et Shinya Yamanaka en 2006.

Travaillant aussi sur l’inversion de cycle cellulaire, des chercheurs français, de l’Institut de génomique fonctionnelle à Montpellier, ont monté une start-up Ingraalys pour reprogrammer des cellules de peau humaine.

Altos Labs est une start-up de trois milliards de dollars soutenue par Jeff Bezos. Regroupant des prix Nobel (Françoise Arnold, Jennifer Doudna, Shinya Yamanaka, David Baltimore), elle affirme être en mesure de prévenir et d’inverser le vieillissement humain au cours des deux prochaines décennies.

On arrête le raccourcissement des télomères

En 1971, le biologiste russe Alekseï Olovnikov a découvert que la fin de la division cellulaire est due au raccourcissement des télomères.

Les télomères sont des petits capuchons protégeant l’extrémité des chromosomes qui portent l’ADN. Leur taille diminue en même temps que leur effet protecteur. Cela fonctionne comme pour une mèche de bougie. Chaque fois que la cellule se divise, un morceau est coupé par une enzyme. Quand les télomères diminuent, le génome devient instable. Les mutations cancérigènes de l’ADN augmentent.

Des chercheurs ont repéré le gène qui influe sur la longueur de la mèche protectrice des chromosomes (ou télomère). Il produit une enzyme, la télomérase qui ralentit le raccourcissement des fameux télomères. L’idée logique est donc d’augmenter la fabrication de télomérase en dopant le gène de la longévité.

On s’inspire de la longévité des animaux

La longévité phénoménale de certains animaux suscite des études dans le monde entier.

João Pedro de Magalhães, biologiste à l’université de Birmingham, a séquencé le génome de la baleine boréale. Ce mastodonte de 100 tonnes peut vivre au-delà de 200 ans. Des chercheurs ont montré que certains gènes associés au cancer et à la sénescence portent chez cet animal des mutations spécifiques.

Vera Gorbunova de l’université de Rochester travaille sur la longévité du rat-taupe nu, Ce rongeur dispose d’un mécanisme anticancéreux basé sur un flux abondant de HMW-HA. Expérimentant le principe sur la souris, elle estime que dans dix ans les humains pourront profiter de cette technique anti-vieillissement.

On avale des potions d’éternité

En 2016, la biotech Ambrosia proposait, moyennant 10 000 euros, de s’administrer un litre de sang de donneurs de moins de 25 ans. Si cet élixir de jouvence faisait déjà fantasmer Léonard de Vinci soupçonné de se procurer de petits flacons de sang frais prélevés sur les cadavres de condamnés à mort, son efficacité n’est toujours pas certaine. L’activité de la compagnie californienne a été interrompue en 2019 par la Food and Drug Administration américaine.

On recycle des médicaments

En Allemagne, l’Institut Max Planck de biologie du vieillissement travaille sur la rapamcyne. Ce produit, prescrit pour prévenir le rejet d’organes après une transplantation, empêcherait le déclin lié à l’âge. Il a pour l’instant des effets secondaires assez dangereux qui devraient pouvoir être gérables à faibles doses.

On se serre la ceinture

La restriction calorique augmente la longévité. Pour vivre plus longtemps, il suffit de réduire de 40 % son apport calorique. Pour éviter ce régime, des chercheurs de l’université de Tel-Aviv ont développé un algorithme qui imite la restriction calorique. Ils ont ainsi identifié les gènes à modifier pour obtenir le même effet que la limitation.

 Des milliards pour dompter Thanatos

Le milliardaire Dimitry Itskov finance « Initiative 2045 ». Ce programme en quatre étapes aboutira à la création d’un cerveau artificiel. Il sera alors possible de transférer la conscience d’un individu dans un corps holographique.

Ce dispositif a été initié par Ray Kurzweil, informaticien, inventeur, visionnaire, gourou technoscientifique et chef de file des transhumanismes. Ce courant de pensée prône une amélioration et une augmentation de l’homme par le biais des technologies issues des sciences de la vie et de l’informatique.

Martine Rothblatt qui s’est intéressée au transhumanisme en lisant le livre de Ray Kurzweil veut dépasser le maître en créant des clones numériques des esprits humains.

On attend le miracle

La société de biotechnologie française Cellectis a créé Scèil une banque de cellules. L’objectif est de conserver des cellules saines pour le jour où la science permettra de faire des back-up génétiques. Le stockage du patrimoine génétique coûte environ 100 000 dollars. Comme il est interdit en France, Cellectis s’est implantée à Dubaï et à Singapour.

Le milliardaire canadien Robert Miller finance la fondation Alcor. Cet organisme propose de cryogéniser corps et cerveau pour la modique somme de 200 000 dollars.

Nectome, pilotée par deux anciens du MIT, souhaite préserver le cerveau de personnes décédées, pour pouvoir l’uploader un jour dans un ordinateur.

Et si demain, nous pouvions vivre éternellement !

Au vu des recherches en cours, le premier constat est que, pour connaître rapidement l’immortalité, il vaut mieux être une souris qu’un humain. Mais, comme la quête d’immortalité est l’une des forces motrices de l’histoire humaine, on peut imaginer que l’homme arrivera un jour à dépasser sa date de péremption, qui se situe aujourd’hui autour de 120 ans.

Est-ce que cette vie sans fin sera un rêve ou un cauchemar ?

Commençons par faire pencher la balance du côté positif.

On aura plus peur de vieillir et de mourir.

Un cancer sera aussi anodin qu’une verrue plantaire. On pourra donc passer son temps à parler de la pluie et du beau temps, ou plus précisément, des tornades et des canicules qui risquent de devenir notre lot quotidien.

On va accumuler des connaissances et des savoirs

Au fil des années, on s’enrichira de savoirs et connaissances pour devenir des puits de sagesse et d’expériences. Avec ces enrichissements de nos esprits, les mascarades du pouvoir n’intéresseront plus personne. Nous comprendrons enfin que la collaboration est le seul moyen pour trouver des solutions solides et durables à nos problèmes.

On créera une société plus équitable

Les inégalités de durée de vie entre les différentes classes sociales et régions du monde disparaîtront. Les bienfaits de la disparition de cette inégalité nous donneront envie de supprimer toutes les autres. La société deviendra plus équitable

Si l’immortalité peut sembler attrayante sur certains côtés, elle est aussi un cadeau empoisonné.

On cramera les dernières ressources de la planète

Toutes les ressources seront exploitées et surexploitées. Les riches feront main basse sur les dernières pépites de la Terre. Le monde sera gris, froid, vide et totalement inégalitaire.

On va se massacrer

Si les bébés qui naissent à partir d’aujourd’hui vivent 1000 ans, il y aura, en 3 000, 750 millions de personnes en France et 100 milliards sur la planète. Comme il n’y aura pas d’eau et d’alimentation pour tous et que les ressources naturelles s’épuiseront avant de pouvoir se reproduire, il faudra s’éliminer les uns et les autres. La régulation de la population passera par des génocides et des règles dictatoriales. On choisira, par exemple, les couples autorisés à se reproduire et les bébés qui ont le droit de vivre.

On se fera la guerre du vieillissement

Il y aura d’un côté les humains bio à vieillissement naturel et de l’autre les trafiqués à non-vieillissement. Le monde se divisera en deux. Un fossé se creusera et nous nous affronterons. Notre haine de ceux à la ride différente sera si immortelle qu’elle nous pourrira tous.

On perdra le goût à la vie

Les vieux riches se protègeront des agressions provoquées par des désillusions des plus jeunes. Ils auront l’impression de vivre dans des prisons. Vivre aussi longtemps pour en arriver là leur donnera tant envie de se suicider que de tuer leurs copains de galères.

On va devenir des mollusques apathiques

S’il n’y a plus de mort, il n’y a plus d’urgence à faire quoi que ce soit. Sans la mort pour nous stimuler, on n’aura plus envie d’innover, évoluer ou prendre des risques. On va subir des technologies déliquescentes et vivre une décrépitude sociale et technologique.

On perdra le sens

La valeur de la vie réside dans le fait qu’elle est limitée dans le temps. Sans fin, elle perd tout son sens.

On s’ennuiera

L’immortalité pourrait entraîner l’ennui et la dépression existentielle chez certaines personnes qui finiraient par tout voir, tout faire et tout expérimenter.

Si la vie est infinie, il faudra refaire toujours la même chose. Une vie infinie finirait par devenir ennuyeuse dans l’éternel recommencement. Être heureux, c’est aussi découvrir de nouvelles choses, de nouvelles sensations, mais il arrivera nécessairement un jour où l’immortel aura fait le tour de toutes les satisfactions possibles. Il ne resterait alors que l’ennui de celui qui n’a plus de projet parce qu’il a tout essayé.

On assistera à la fin de l’espèce

La mort est nécessaire à l’évolution. Si elle n’opère pas l’élimination des plus faibles et leur remplacement par des plus aptes, la société et les espèces se figent. Les humains seront immortels, mais l’espèce mourra.

Au vu de ces perspectives, le « Demain, nous serons immortels » a une tonalité bien sombre.

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Le Dico des métiers de demain

Le Dico des métiers de demain

Une méthode, un dictionnaire, des jeux de cartes thématiques, des ateliers pour imaginer de façon créative les métiers et compétences du futur

Les Contes des 1001 futurs

Les Contes des 1001 futurs

Des contes pour aider les enfants à imaginer demain.

La méthode à Jules

La méthode à Jules

Inventons le futur en utilisant la méthode de Jules Verne.

Demain, nous pratiquerons l’amour collaboratif

Demain, nous pratiquerons l’amour collaboratif

Chaque semaine une prévision vous propulse dans le futur

– Chéri, je t’aime et j’aime Lucie.
– J’aime aussi aimer et pas posséder l’autre.
– Avec Lucie, ce n’est pas définitif.
– Rien ne l’est quand on pratique l’amour collaboratif. On réinvente permanence nos relations amoureuses.

C’est quoi l’amour collaboratif ?

Le travail collaboratif est un mode de travail qui abandonne l’organisation hiérarchique pour instaurer une structure de partage et de mise en commun des compétences.

S’inspirant du changement de l’organisation du travail, l’amour collaboratif est une organisation amoureuse basée le partage et la remise en question permanente et sur la possession et l’exclusivité.

Éducation des enfants, entretien de la maison, moyens de subsistance des uns et des autres… L’amour collaboratif n’a rien à voir avec partouze ou autres édulcorants de l’amour. Les partenaires définissent des règles qu’ils remettent en cause en permanence. Le couple se réinvente en permanence. Il ne fige pas le couple dans un contrat rapidement obsolète

Vous pouvez écouter le podcast pour survoler le sujet en deux minutes ou découvrir les innovations, recherches et les incidences de la prévision sur notre futur quotidien.

 C’EST DÉJÀ DEMAIN

il faut relancer les dés, car rien ne va plus du côté de l’amour.
Aujourd’hui, c’est…

La sobriété sur l’oreiller

De nombreuses études montrent qu’on assiste au déclin de l’activité sexuelle : un Américain sur quatre affirme préférer regarder Netflix plutôt que de faire l’amour. Plus d’un tiers des Japonais de 16 à 19 ans disent ne pas être intéressés par la sexualité. En 2022, lors d’un sondage IFOP, 43 % des jeunes de 15-24 ans ont déclaré ne pas avoir eu de rapports sexuels durant l’année écoulée.

Un nouveau phénomène, le « masterdating » est apparu sur les réseaux sociaux et en particulier sur TikTok. Ce néologisme vient de « dating » qui signifie sortir et « masturbate », se masturber. Le masterdating consiste à prendre soin de soi et à profiter pleinement de sa propre compagnie.

Ce « no sexe» pourrait résulter d’une exposition trop forte et précoce à la pornographie. L’accès à onze ans ( l’âge du premier portable ) à cette forme de sexualité cramerait le désir. Elle créerait aussi une crainte de ne pas être à la hauteur.

Le concept du consentement est beaucoup plus présent. Craignant que leurs gestes soient mal interprétés, de nombreux jeunes renoncent à passer à l’acte sexuel.

La phobie de l’enfermement

Une étude du CSA consacrée au genre montre que la bisexualité progresse. De plus en plus de jeunes ( et pas mal de moins jeunes ) ne veulent plus avoir à choisir un camp.

Ils refusent les modalités amoureuses binaires qui opposent les hommes aux femmes et les hétéros aux homos. Ils préfèrent multiplier les possibles que de les diviser en étant enfermés dans une catégorie.

Ni en couple, ni pas en couple

Après l’amour romantique fusionnel, on passe au modèle conjuguant affirmation de soi et sentiment amoureux.

Nombreux jeunes se considèrent ni en couple, ni pas en couple. Leur relation n’est pas du sexe sans attachement. Ils partagent des activités, ont des amis communs… Ils ne se considèrent pas pour autant en couple.

C’est une relation intermédiaire où la complicité et la tendresse sont de mise, mais où il n’est pas question pour autant d’envisager un avenir à deux. On ne se promet rien, car on ne sait pas si, dans un mois, on continuera à se voir.

Cet entre-deux permet de garder sa liberté. On évite le définitif du couple qui ferme les portes de possibles. On ne se projette pas ensemble dans un monde qui, avec le réchauffement, a de plus en plus de mal à ressembler au paradis.

Une autre vision du bonheur

Une enquête menée par Arte et France Culture montre que le romantisme d’antan subsiste. La vie à deux semble toujours une manière de s’épanouir.
Mais, l’étude montre que l’on peut aussi être heureux sans relation amoureuse à tous les âges de la vie : chez les 18-24 ans (82 %), 25-39 ans (70 %), 39-54 ans (64 %), plus de 55 ans (63 %).

Privilégier le bonheur en dehors de la vie à deux peut être a conséquence de la multiplication de désamours brutaux. Alors qu’une personne est « raide dingue, accroc, in love, bref, elle kiffe grave, » l’amour fou se termine soudainement dans un silence. Avec ce phénomène qu’on nomme le « ghosting », la rupture est sans préavis. Cette épreuve ébranle la conception romantique de l’amour et donne surtout peu envie de s’engager.

De la consommation collaborative à l’amour collaboratif

Dans les siècles passés, le mariage n’était pas l’acte privé de deux êtres éprouvant de l’inclination l’un pour l’autre. Il était subordonné aux stratégies et aux préoccupations économiques des familles, aux impératifs de la possession de la terre et de l’argent.

Même si les mœurs évoluent, le mariage et la propriété continuent à faire bon ménage. Si plus personne n’est propriétaire de personne, la possession se traduit en filigrane dans le langage. On parle de ma femme, mon mari, mes enfants, ma maison… Et dans les moeurs cette « propriété » se traduit un peu trop souvent par de la violence sur l’autre.

Traditionnellement, un couple possède des objets ayant de plus en plus de valeur. On a un appartement puis une maison, une voiture de plus en plus confortable, les caisses du début sont remplacées par des meubles Ikea puis des meubles de designers… La possession est la marque de la durée du couple.

Avec l’économie collaborative, les rapports aux objets évoluent. On privilégie de plus en plus l’usage sur la propriété. Voitures, appartements, outils peuvent être partagés en quelques clics.. Quel intérêt d’investir dans une villa pour l’utiliser 15 jours par ans, d’une perceuse qui fonctionnera 5 minutes tous les deux ans ?… Quand l’usage devient simple, la propriété perd de son intérêt

Et si cette évolution sociétale contaminait le couple ?

Et si demain, on pratiquait l’amour collaboratif ?

Cela contribuerait à redessiner l’amour, le couple, la société… .

De l’amour mélodieux

Avec l’amour, on est capable de déplacer des montagnes. Cet élan envers les autres est une énergie qui donne à chacun de tout changer.

Le problème est que cette phénoménale énergie tourne rapidement en boucle dans les couples traditionnels. On la canalise en créant des habitudes et routines qui finissent par décaper l’envie d’en découdre avec la vie. Ou on s’en sert pour s’agresser mutuellement. L’amour collaboratif va permettre de conserver cette énergie qui sera régénérée par les ouvertures permanentes à d’autres possibles.

L’amour sera alors plus mélodieux. Il deviendra une fugue. On s’accordera un instant. On profitera de l’harmonie pour s’épanouir avant d’envisager une autre partition.

Un chaos créatif

La théorie du chaos élaboré en thermodynamique des fluides stipule que : « Un désordre fait naître un ordre de qualité supérieure. »
Cette théorie affirme que le désordre est nécessaire pour innover, car il crée des espaces de liberté permettant d’envisager d’autres possibles. A contrario, l’ordre coince chaque personne et objet à une place et le contraint à l’immobilité.

Si le couple traditionnel interdit le désordre, l’amour collaboratif crée cet espace de liberté qui va permettre de réinventer l’amour et plus largement les relations entre humains.

Cette créativité dans l’intime va se diffuser dans les autres sphères de la vie sociale. Elle pourra aider à trouver des solutions pour résoudre les défis qui se présentent aujourd’hui à la société.

Une ouverture salutaire

Si le couple continue à exister, il ne sera plus la norme sociale. On pourra faire émerger ses propres envies en matière d’amour et non plus se sentir enfermées dans celles que la société impose.

La coparentalité qui découlera de l’amour collaboratif évitera que des séparations amoureuses continuent à mettre des parents et en particulier des femmes dans des situations de précarité économique et sociale.

Pour demain ou après-demain, l’amour collaboratif ?

Cela pourrait être pour demain.
Même dans un monde miné par l’individualisme, l’homme dispose d’une formidable capacité à coopérer.
Le changement n’est pas très important. Il faut juste changer le co de conjoint pour le co de communauté.

Ce bain de jouvence social aura bien entendu ses nombreux détracteurs. Ils ne lésineront sur les violences pour montrer que le passé n’est pas si dépassé que cela et que le couple traditionnel ne va pas mourir si vite. On peut juste espérer que l’on saura assez s’aimer pour réussir ensemble à dégoupiller leurs bombes avant qu’elles n’explosent.

Comme quand on nomme les choses, elles commencent à exister, je propose au Petit Robert d’ajouter le mot collamourer ou pratiquer l’amour collaboratif. Si le mot ne vous convient pas, n’hésitez pas à en proposer un autre.

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