Les discriminettes sont des lunettes augmentées de parité et égalité professionnelle. Grâce à la rugissante technologie, elles suppriment les discriminations entre les hommes et les femmes.

Les prévisions tombent et font mal à notre sens profond de l’égalité. Le forum économique et social affirme qu’il faudrait vivre encore en apnée pendant 170 ans avant d’atteindre la parité hommes et femmes au travail. La ministre Najat Vallaud-Belkacem nous fait frissonner en constatant que le nombre de femmes qui poursuivent des études scientifiques décroit : « À ce rythme, il faudra attendre 2080 pour atteindre la parité entre chercheurs et chercheuses au CNRS et sciences dures, et 2075 pour les écoles d’ingénieures », dit-elle. Pour éviter de subir cette éternité, il faut agir au plus vite avec tous les moyens disponibles. Si on met en œuvre des quotas, des lois, la lutte contre les discriminations manque un peu d’imagination. Pourquoi pas, par exemple utiliser la technologie dans sa version intelligente et utile et l’humour pour combler le fossé entre les sexes ? Quelques saltos cérébraux plus tard, les discriminettes sortent des limbes de quelques esprits féminins bien agités. Ces lunettes augmentées de parité et égalité professionnelle vont utiliser tous les artifices de la rugissante technologie pour:

  • Supprimer les disparitĂ©s de salaires entre les hommes et les femmes.
  • Égaliser les chances professionnelles.
  • Supprimer les stĂ©rĂ©otypes et massacrer le sexisme ordinaire.
  • AmĂ©liorer la visibilitĂ© des femmes…

Pour élaborer ces discriminettes, tous ceux (femmes et hommes) qui veulent une parité professionnelle hommes et femmes sont appelés à contribuer. Ils peuvent ajouter une fonction, modifier les fonctions initiales, renommer l’objet, le dessiner, commencer à créer un prototype.

Mode d’emploi

Vous enfilez les lunettes. Une ou plusieurs fonctions sont automatiquement activées.  Les discriminettes sont autoapprenantes. Elles disposent d’algorithmes qui s’enrichissent en fonction du pathos sexiste du porteur. Si les discriminettes sont destinées en priorité aux hommes, elles peuvent aussi être portées par les femmes. Certaines comprennent alors qu’elles cautionnent un sexisme trop ordinaire. D’autres créent de nouvelles fonctions favorisant la suppression des discriminations.

1. Discrinotron

Permis à points de non-discrimination Grâce aux capteurs sémantiques, le discrinotron identifie les phrases, attitudes et décisions discriminantes. Elle calcule ce potentiel d’exclusion qui aboutit aujourd’hui à ce que 80 % des femmes considèrent être régulièrement victimes d’attitudes ou de décisions sexistes dans leur entreprise. Des points sont défalqués à l’auteur de discriminations. Quand son discrinotron est à zéro, il peut récupérer des points en vivant la vie d’une assistante mère d’enfants en bas âge !

Quelques phrases identifiées comme sexistes par le discrinotron :

  • Elle est intelligente pour une fille
  • Très bon CV. Dommage qu’elle ait des enfants.
  • Tu peux nous remercier. On s’est tapĂ© tout le boulot pendant ton congĂ© maternitĂ©.
  • Face au client, une femme, cela ne fait pas très pro.
  • Encore une qui voudra prendre ses mercredis.
  • Si on ne peut pas faire de rĂ©union Ă  18 h, quand est-ce qu’on travaille.
  • C’est quoi cette Barbie ? Elle a dĂ» coucher.
  • T’as tes règles ou quoi ?
  • Pour ce mĂ©tier, il faut en avoir.
  • Pas besoin d’augmentation. Elle a conjoint qui gagne bien.
  • Tu mets une jupe et des talons, cela fera plaisir au patron.
  • Je me demande avec qui elle a couchĂ© pour en arriver lĂ .

2. Stopleboulo

Déclenchement du blocage des ordinateurs et téléphones utilisés par les collaboratrices lorsqu’elles ont travaillé pour un équivalent salaire des hommes. La différence de salaires entre les hommes et les femmes étant de 15 % selon Eurostat, l’organisme de statistiques de l’Union européenne, le stopleboulo intervient le 7 novembre. Si les femmes choisissent de pratiquer un stopleboulo mensuel, elles ne travaillent que deux jours, la dernière semaine du mois. Les footballeuses professionnelles étant dix fois moins payées que les footballeurs, elles arrêtent le match à la neuvième minute. Les réalisatrices étant payées 42 % de moins que leurs homologues masculins devraient arrêter la diffusion de leur film à un peu plus de la moitié.

3. Courdefoot

Repérage des situations où les hommes jouent un rôle central et les femmes sont spectatrices Dans la majorité des cours de récréation, l’espace central est occupé par un terrain de football où les garçons jouent. Autour de ce terrain, les filles ont un espace réduit pour regarder les garçons jouer. Dans l’entreprise, le schéma se reproduit. Les postes centraux sont occupés par des hommes : dans les 100 plus grandes sociétés européennes, les comités exécutifs sont composés à 89 % d’hommes. 24 % des femmes dirigent des entreprises dans le Monde (étude du cabinet de conseil Grant Thornton, mars 2016). 39 % des entreprises du G7 ne comptent même aucune femme au sein de leur conseil d’administration… Courdefoot déclenche des coups de sifflet signalant un arrêt de ce jeu discriminant. Ils sont assez stridents pour étourdir les hommes et leur donner envie de s’éloigner de l’espace central.

4. Equantizeur

Mesure de l’expĂ©rience et la formation d’une femme et calcule de l’équivalent du poste et du salaire pour les hommes. L’equantizeur mesure l’expĂ©rience, la formation, le talent d’une femme et indique le poste et le salaire qu’on accorderait si c’est un homme. Particulièrement utile aux recruteurs, cette fonction permet de : – Supprimer les diffĂ©rences de salaires. AdoptĂ©e en prioritĂ© par les managers de la Silicon Valley, elle Ă©vite que les femmes aient des salaires de 40 Ă  50 % infĂ©rieurs aux hommes. – Diminue les dĂ©fauts d’évaluation qui viennent du fait que, contrairement aux hommes, les femmes ne mettent pas en avant leurs rĂ©alisations. Si un recruteur ne respecte pas les prĂ©conisations de l’équantizeur, sa taille diminue et il est rapidement transformĂ© en un nain de jardin. Ă€ cause de cette mĂ©tamorphose, le discriminant peut perdre confiance en lui et se retrouver dans la situation peu enviable que connaissent de nombreuses femmes.

5. Métisseur

Évaluateur des performances d’un métissage égalitaire hommes-femmes Les études scientifiques se multiplient. Les femmes sont différentes, les hommes aussi ! Ces différences se traduisent dans des manières d’aborder le travail. Si les hommes sont plus dans l’action, les femmes excellent dans l’analyse et la perception. Les hommes ont plus l’esprit de compétition, alors que les femmes effectuent plusieurs tâches en même temps. Lorsqu’elles créent une entreprise, les femmes partent souvent d’un besoin, d’un manque observé dans la vie quotidienne, alors que les hommes privilégient les performances technologiques et les opportunités des marchés. Ce métissage des différences a un impact sur la performance d’une entreprise. Les entreprises qui ne comptent aucune femme dans leur comité de direction ont une performance de 18 % inférieure et celles qui comptent plus de 35 % de femmes parmi leur encadrement. Une étude de l’OCDE montre que si la France parvenait à une égalité vraie entre hommes et femmes tant en matière de participation au marché de l’emploi et de salaire que de taux entrepreneurial, elle engrangerait 9,4 % de croissance supplémentaire sur 20 ans. Le métisseur affiche les performances qu’une entreprise pourrait faire si elle était plus égalitaire. Ce quantitatif titille le fameux esprit de compétition des hommes.

6. Stéréotypeur

Identification des stéréotypes qui empêchent les femmes d’accéder à des postes de direction ou de s’engager dans certaines professions. Les stéréotypes ont la vie dure. Près d’un tiers des managers (29 %) pensent encore qu’il existe une différence de compétences liée à la génétique.  77 % des managers affirment que le savoir-faire est typiquement masculin alors que le savoir-être est pour eux plutôt une compétence féminine. « Tu ne vas pas t’enfermer derrière un ordinateur à manger de la pizza… Les filles cela parle aux gens, pas aux machines. » Ces stéréotypes freinent l’accès des femmes aux métiers du numérique. Ils se glissent ensuite partout de manière insidieuse pour les empêcher de rester dans la branche. Par exemple dans tous les jeux vidéos, les personnages féminins ont les seins comme des obus. Et ils se vendent bien. Le livre « Pourquoi les hommes n’écoutent jamais rien et pourquoi les femmes ne savent pas lire les cartes routières ? « a fait un carton, car il conforte les stéréotypes avec une sauce pseudo-scientifique. Quand il repère un stéréotype, le stéréotypeur projette des informations positives comme : En Malaisie, il y a autant de femmes que d’hommes dans les métiers du numérique. Les métiers ont la côte parce qu’ils ne sont pas salissants et permettent d’avoir des horaires souples.